Rareté et excellence : comment redéfinir ces valeurs dans les métiers aujourd’hui ?

Plusieurs fois, il m’a été demandé de définir ce qu’étaient, concrètement, les métiers d’excellences et les savoir-faire rares. En m’appuyant sur mes années d'expérience dans l'accompagnement d'entreprises, je vous propose donc une définition personnelle, avec toutes ses limites.

Généralement associés aux savoir-faire traditionnels et au monde du luxe, la Rareté et l’excellence sont communément perçues comme le fruit d'un long apprentissage transmis de génération en génération. Elles sont fortement liées à une notion de patrimoine culturel et d’identité. Ce sont des critères sur lesquels s'est construit le label EPV (entreprise du patrimoine vivant), lui même inspiré du statut de "Trésor National Vivant" attribué à certains métiers et artisans en Asie.

Dans le management, l’excellence est perçue comme le résultat d’une très haute performance pour une organisation. Nous n’aborderons pas cet angle là dans cet article.

Excellence = Qualité et exigence

Un métier d'excellence se distingue par son haut niveau d'exigence, de qualité et de détail. Cette excellence peut se manifester à travers plusieurs critères :

  • Choix des matières et outils : L'utilisation de matières aux spécificités techniques particulières, souvent sourcées auprès de fournisseurs expérimentés. La traçabilité, établie sur de nombreuses années, garantit l'impact environnemental, économique et humain de ces ressources.

  • Temps et espaces dédiés à la production : La réalisation méticuleuse du métier nécessite du temps et parfois un espace spécifique, incluant des périodes de maturation ou de repos, le cas échéant.

  • Niveau d'expertise et de sensibilité des professionnels : Les praticiens du métier doivent démontrer une maîtrise élevée de leurs compétences. Leur exigence et sensibilité s'expriment à travers le niveau d’attention qu’ils portent à la qualité, à l'esthétique et à l'innovation dans leur travail.

Les savoir-faire “rares” ?

Dans le terme de rareté, plusieurs aspects peuvent être distingués :

Une rareté intrinsèque

  • Absence de formation spécifique et diminution démographique : La disparition silencieuse des formations dédiées à un domaine, associé au départ à la retraite et au changement d’orientation de personnes formées, réduisent le nombre de praticiens actifs. Les formations existantes peuvent dispenser les composantes de base d’un métier sans enseignement spécifique du savoir-faire. 

  • Spécificité : Une compétence spécifique ou spécialisée est rare par nature, moins répandue que des compétences plus générales, où s’appliquant à un domaine et des matières de niche.

  • Durée d'apprentissage : La complexité d'un savoir-faire se mesure souvent par la durée nécessaire pour le maîtriser. Les savoir-faire demandant un investissement temporel plus important sont perçus comme plus complexes.

La complexité inhérente à une tache

  • Multitude de compétences requises : La maîtrise d'un savoir-faire peut nécessiter une variété de compétences techniques, cognitives ou pratiques, ce qui accroît sa rareté en raison de sa complexité.

  • Contexte technique : L'association à des technologies avancées, des méthodologies complexes ou des outils spécialisés contribue également à la rareté de certains savoir-faire.

D’autres approches possibles

Actuellement, un savoir-faire rare est lié à la capacité d'intervenir dans des contextes complexes mobilisant diverses connaissances. Dans l'industrie, cela concerne aussi des métiers émergents tels que l'analyse de données ou les métier de design, comme les dessinateurs-projeteurs, exigeant une compréhension approfondie des objets ainsi qu'une maîtrise des outils informatiques et numériques.

Dans les Métiers d'excellence, l'accent est mis sur la capacité d'une personne à concevoir son intervention dans un ensemble plus vaste. Avec l'équipe d'une entreprise que j'accompagne, nous avons appelé cela "Métis" (terme grec ancien) pour décrire la capacité d'un artisan ou technicien à voir chaque épreuve comme une opportunité d'approfondir et d'enrichir sa pratique. Cela inclut la capacité à transcender les limites de son métier pour trouver des pistes d'innovation.

Le véritable luxe c’est le temps, celui nécessaire pour bien faire les choses
— Inconnu
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Pourquoi est il important, pour votre entreprise, de maitriser la gestion des connaissances et savoir-faire !

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